Voyage en FÉERIE du BOCAGE : notre retour
- Le 19/06/2024
- Dans Dédicaces & Salons
Enfin, après une longue attente de quelques années depuis l’apocalypse Cartésianisme à l’Origine du Vide Intellectuel Direct, nous avons obtenu le passe pour le Bocage, ultime survivance de l’imaginaire.
La route est longue, chargée d’obstacles vers ce havre féerique. Il me faut passer les terres urbaines avec ses hautes tours qui volent la lumière, ses routes saturées de bruit et de métal afin d’accéder au no man’s land souvent oublié des autorités carcérales.
Arriver avant la nuit est un impératif ou le portail sera fermé, peut-être à jamais…
Heureusement, avec moi, j’ai l’esprit de Kelach né du Bois des Héros qui me guide de ses Cimes Étoilées. Je traverse la Forêt des Maléfices, glisse le long de la Clairière des Mystères et arrive enfin à l’Orée des Indépendants.
Tout était écrit, prédit.
Quelques vaches broutent alors que la nuit s’annonce.
Plus qu’un pas.
Je traverse le voile et pénètre le Bosquet Féerique.
J’y suis.
Je pose mes bagages, mes offrandes à l’Imaginaire, les miennes, mais aussi celles de mes comparses kelachiens. Autant de récits, de mannes pour nourrir l’esprit, porter l’espoir, dénoncer les dangers du pouvoir ou de l’ombre, mais aussi apporter le sourire et l’aventure. Autant de Nouvelles Graines pour fleurir les âmes.
Puis, le sommeil me gagne.
Au petit matin, le réveil se fait avec l’accueil des bénévoles, princesse Carolyn en tête, accompagnée des autorités locales et de John Lang, créateur de Naheulbeuk, parrain fantastique de cette édition.
La magie peut commencer.
Cependant, le ténébreux Mestr Météo fâché de ne pas avoir été convié à cette inauguration libère ses sortilèges. Ainsi, il nous frappe de sombres nuages, de pluies récurrentes et même d’un froid hors saison. Sans aucun doute, cela a dissuadé moult voyageurs de l’imaginaire de faire le chemin jusqu’aux Féeries du Bocage en ce premier jour.
Toutefois, le courage des exposants, et en particulier ceux installés en extérieur, la volonté des bénévoles et la bonne humeur de tous font front contre les forces de Mestr Météo et arrivent à repousser celles-ci pour un dimanche plus agréable, même si le soleil ne pointera son nez qu’en fin de journée alors que les portails mystiques du Bocage se refermeront pour un an.
Même si je m’y attendais, ma surprise est grande devant tant de féerie et de tolérance. Les peuples d’origine diverse se côtoient en ces terres, sans haine ni animosité, chacun apportant à l’autre dans un esprit d’amitié et de convivialité. Personne n’oserait remettre en question leur droit d’être et de présence en ce lieu ; nous sommes loin de l’intolérance radicale qui pointe dans le monde et menace les libertés qui y existent encore.
Peut-être est-ce dû au rêve et à la création sous toutes ses formes qui s’étalent sur la prairie ou dans la grande salle devenue festive ?
L’art créatif est aux Féeries : bijoux, cuir travaillé, matières sculptées, fibres tissées et décoctions vertueuses s’étalent sous les tentes extérieures.
Quant à l’intérieur où je me trouve dans le cocon de Kelach, les illustrateurs redoublent de virtuosité, alors que les joueurs de mots exposent leurs mondes fabuleux en de fiers manuscrits.
Elfes, lutins et fées, bardes et ménestrels ne sont pas en reste pour égayer ces deux journées de leurs ritournelles enchantées.
L’instant d’un week-end, j’oublie la réalité, et il en va de même pour les autres rêveurs et visiteurs. La magie est là, si omniprésente qu’elle a repoussé partiellement certains éléments d’une technologie souvent envahissante, mais qui pour le coup aurait été fort utile. La connexion au monde est faible… très faible, rendant l’usage de la Charge Bienfaitrice, très aléatoire. Mais les mages présents ont pris connaissance du problème et trouveront un sortilège apte à régler le problème l’an prochain.
L’esprit de Kelach inspire des visiteurs de contrées proches ou plus lointaines et plusieurs repartent avec des éclats de rêve nés des nôtres dans leur besace. Ne doutons pas que ces cristaux façonnés avec passion raviront leurs cœurs alors même que de sombres prédictions s’amoncellent sur le réel.
Car tout à une fin, et je dois m’en retourner alors que les portes des Féeries du Bocage se closent pour cette année. Comment ne pas remercier l’ensemble des humains fées qui par amour de l’imaginaire font vivre bénévolement de tels instants enchanteurs ? Cela est fait.
Me voilà de retour sur le chemin, vers les miens. Je rumine les visions d’un avenir proche d’un azur sombre fait d’intolérance que les pythies ont dévoilé sans pitié, même s’il est dit qu’une seconde chance sera offerte pour repousser l’obscurantisme qui menace la réalité de nos contrées déjà fort affaiblies.
Je repense à ce week-end, aux belles âmes que j’y ai croisées, à la diversité et aux sourires. Je me dis que l’imaginaire doit nourrir d’espoirs, d’avertissements et de paix le réel.
Je me dis que l’amour peut être victorieux.
Aux Féeries !
Salon Dédicaces Féerie du Bocage